15 août 2019
Assomption de Notre-Dame
Fête nationale du royaume de France
A tous les Français, je veux souhaiter une belle fête de l’Assomption.
Que Notre Dame Reine de France et protectrice du royaume selon le vœu
fait en 1638 par mon aïeul le roi Louis XIII, veille et protège la
France et les Français en ces temps troublés où se perdent tous les
repères essentiels !
Prions-la, supplions la d’intercéder pour que la France reste fidèle aux promesses de son baptême !
Louis
2019 marque le 590e anniversaire de l'épopée de la Pucelle d'Orléans. Voici le sermon donné par M. l'abbé de Saint-Taurin à l'occasion de la fête de sainte Jeanne d'Arc le samedi 1er juin dernier au Puy-en-Velay (l'Ascension tombant le 30 mai, et la Royauté de Marie le 31), en la chapelle des Pénitents blancs près de la cathédrale-basilique.

Messe de Ste Jeanne d’Arc (samedi 1er juin 2019)
Cher Monsieur
le Recteur,
Cher Monsieur le Prieur,
Cher Monsieur le Chanoine,
Chers Messieurs les Abbés
Bien chers Confrères et amis,
Cher Monsieur le Chanoine,
Chers Messieurs les Abbés
Bien chers Confrères et amis,
En ce 1er samedi du mois, consacré à la
dévotion et réparation au Cœur Immaculé de Marie, disons avec Pie XI il y a
moins de 100 ans, le 2 mars 1922, dans sa lettre apostolique France, Fille aînée de l’Église :
« En ce qui concerne la Pucelle d’Orléans, que Notre prédécesseur a élevée aux suprêmes honneurs des Saints (cela fera un siècle l’an prochain), personne ne peut mettre en doute que ce soit sous les auspices de la Vierge qu’elle ait reçu et rempli mission de sauver la France.Car d’abord, c’est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge d’Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu’elle entreprit d’un cœur viril, une si grande œuvre, qu’elle demeura sans peur en face des épées dégainées et sans tache au milieu de la licence des camps, qu’elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit le sort de la France. C’est après en avoir reçu le conseil de ses voix célestes qu’elle ajouta sur son glorieux étendard le nom de Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c’est en murmurant au milieu des flammes, en un cri suprême, les noms de Jésus et de Marie, qu’elle s’envola au ciel. Ayant donc éprouvé le secours évident de la Pucelle d’Orléans, que la France reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste : c’est ce que réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à Notre prédécesseur et qui Nous plaît à Nous-même. […]En conséquence, Nous prions Dieu, auteur de tous les biens, que, par l’intercession de ces deux célestes patronnes, la Mère de Dieu élevée au ciel et sainte Jeanne d’Arc, vierge, ainsi que des autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances tendues vers la vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment la fille première-née de l’Église romaine ; qu’elle échauffe, garde, développe par la pensée, l’action, l’amour, ses antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et de la patrie ».

Et le pape d’ajouter, comme s’il craignait que
quelque force s’y opposât à l’avenir :
« Nous concédons ces privilèges, décidant que les présentes Lettres soient et demeurent toujours fermes, valides et efficaces, qu’elles obtiennent et gardent leurs effets pleins et entiers, qu’elles soient, maintenant et dans l’avenir, pour toute la nation française le gage le plus large des secours célestes, qu’ainsi il en faut juger définitivement, et que soit tenu pour vain dès maintenant et de nul effet pour l’avenir tout ce qui porterait atteinte à ces décisions, du fait de quelque autorité que ce soit, sciemment ou inconsciemment. Nonobstant toutes choses contraires ».

Les plus attentifs parmi vous auront sans doute
remarqué que nous célébrons cette année le 590e anniversaire de
l’épopée de notre héroïne nationale, sainte Jeanne d’Arc. En 1429, voici que
cette demoiselle venue de l’une des dernières enclaves fidèles à son roi, avec
le Mont Saint-Michel ; cette jeune fille, donc, envoyée de Dieu et de saint
Michel, va de manière proprement inattendue et incroyable surmonter un à un les
obstacles qui la séparent du roi, puis de Reims, puis de Paris.
En début d’année, c’étaient les rencontres
successives à Chinon, l’examen minutieux de Poitiers. Le 8 mai, c’était
l’entrée triomphale dans les rues d’Orléans. Le 18 juin, ce sera la victoire de
Patay, et le 17 juillet, le grand sacre de Charles VII le Bien-Servi, dont le
Conseil poussera ensuite de plus en plus à la freiner dans ses élans.
A tous nos contemporains bons chrétiens qui nous
répètent que la moindre prise de position est un acte politique, et m’appuyant
sur le Souverain Pontife qui soutient que toute homélie est en soi un acte
politique en quelque sorte, je répondrai que Jehanne dévoile le caractère
spécieux de leurs discours.
A les écouter en effet, un Catholique doit être
pratiquement un fataliste, se laisser imposer toute sorte de régime par les
mauvais, puisque toute autorité vient de Dieu. Adeptes sans le savoir du
syndrome de Stockholm, leur solution de facilité – qui non seulement les
retient mais bloque tout autour d’eux, puisqu’aucune tête ne doit dépasser –,
ils stérilisent toute action catholique, quand ce n’est pas toute réflexion.
Mais notre Dieu est un Droiturier Seigneur, qui nous apprend qu’il y a une Justice, un
Droit, une Légitimité.
Cela, les amoureux de la Sagesse l’ont compris depuis
Aristote ; je cite :
« Que l’homme soit un animal politique à un plus haut degré qu’une abeille quelconque ou tout autre animal vivant à l’état grégaire, cela est évident. La nature en effet ne fait rien en vain ; et l’homme, seul de tous les animaux, possède la parole. […] Le discours sert à exprimer l’utile et le nuisible, et par suite aussi, le juste et l’injuste : car c’est le caractère propre de l’homme, par rapport aux animaux, d’être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste, et des autres notions morales, et c’est la communauté de ces sentiments qui engendre la famille et la cité » (Politique ; I, 2).
Les valeurs morales existent à notre époque comme
elles existaient sous Notre-Seigneur, comme elles s’appliquaient de même en
1429. Le roi anglais revendique le trône de France ; on argue même d’une
renonciation des Valois à la Couronne à son profit, par le sinistre et invalide
traité de Troyes (21 mai 1420) ; il possède par les armes la moitié du
pays (Nord et Aquitaine) ; il se fera même prétendument sacrer roi de
France par un Anglais à Notre-Dame de Paris, le 17 décembre 1431.
Sans doute entendez-vous nos chers amis
s’applatir : par la force des choses (mais surtout des armes), Henri VI
est roi, c’est comme cela ; le sacre à la mode anglaise renforce son
pouvoir ; les troupes françaises font pâle figure, après un siècle de
combats et la défaite d’Azincourt (1415) ; et plusieurs évêques reconnaissent
déjà Henri et militent pour sa cause. Parmi eux : Pierre Cauchon. Aucune
tête mitrée n’aimerait aujourd’hui se voir comparer à cet indigne juge de notre
Pucelle, Régine Pernoud titrant même l’un de ses ouvrages : Jeanne devant les Cauchons ! Et
pourtant… Se plier devant la loi du plus fort, aux droits contraires aux
traditions françoises, faire montre d’opportunisme n’est pas digne d’un
successeur des Apôtres, et nos prélats nous ont par le passé habitués à plus de
panache et d’héroïcité : je vous renvoie à saint Martin, Hilaire de
Poitiers et son lointain successeur le cardinal Pie, comme à nos pasteurs sous
la Révolution.
Mais voilà : les faits sont là ; et pensez :
Cauchon fut recteur de l’Université ! Et puis Jeanne a bien été capturée
sur le territoire de son diocèse (Beauvais), encore un peu et il passerait presque
pour légitime juge. Mais l’historien Jean Favier le prouve « acharné à perdre Jeanne », et même
Voltaire – horresco referens –
l’appelle « l’indigne évêque,
l’indigne Français et l’indigne homme » ; Michelet dit qu’
« il se fit anglais, parla anglais
[…], se faisant l’agent des Anglais »,
et Quicherat, pourtant plus modéré, qu’« il ne se révéla dans l’affaire de Jeanne que comme un homme passionné,
artificieux, corrompu ». Sans doute sont-ils mus par un jacobinisme
qui nous est étranger, mais franchement, quel vrai Français n’a pas de
haut-le-cœur en entendant prononcer un tel nom ?
Il ne m'appartient certainement pas de dire si l'évêque Cauchon est damné ou non ; sa dévotion à la Très Sainte Vierge, pour laquelle il fit ensuite édifier la chapelle axiale de la cathédrale de Lisieux, quand il en devint évêque, l'a sans doute sauvé : paix à son âme !
Mais il est des actes d’une petite partie de
notre vie qui collent – parfois injustement – à la peau ; et reconnaissez que l’anglophilie continuelle de cet évêque français né à Reims,
conseiller actif des rois d’Angleterre, relève – en pleine Guerre de Cent ans –
de la haute trahison.
Ce jugement est certes rendu aisé par les
siècles ; mais pourtant, dès ces années, Dieu a clairement manifesté Son
choix, Son camp, car Il attend de Ses témoins qu’ils prennent parti quand il le faut, notamment pour défendre le
droit et la justice. Le fameux « Évêque,
c’est par vous que je meurs », résonne encore à nos oreilles, et c’est
peut-être, par la bouche de cette Sainte qu’il condamne avec maints stratagèmes,
sa propre parole de condamnation. C’est la sentence qu’entendraient nombre
d’hommes d’Église aujourd’hui, si la voix de leur conscience n’était pas tout
simplement étouffée, dans les innombrables conflits actuels : du silence
face à des condamnations iniques de la part des structures de péchés, jusqu’aux
« simples » et ordinaires médisances cléricales, qui tuent à petit
feu, voire plus directement, lorsqu’elles sont bien acérées. Rien n’est plus
honteux que la couardise et la petitesse d’hommes de Dieu qui devraient être
Ses prophètes !
Le pape Benoît XVI eut (le 26 janvier 2011) de
magnifiques paroles d’analyse de l’inique procès fait à Jehanne, qu’il dit
« citée à plusieurs reprises dans le
Catéchisme de l’Église catholique » :
« Quand Jeanne naît, en 1412, il y a un pape et deux antipapes. […] Au début de l’année 1429, Jeanne entame son œuvre de libération […] ». Aux Anglais assiégeant la ville d’Orléans, « sa proposition est une véritable paix entre les deux peuples chrétiens, à la lumière des Noms de Jésus et Marie, mais elle est rejetée, et Jeanne doit s’engager dans la lutte pour la libération de la ville, qui advient le 8 mai ».
Sachons utiliser l’expérience passée, la leçon des
erreurs comme des actes héroïques. Les Saints nous conseillent par leurs
propres actions ce que nous pouvons faire
hic et nunc : un rappel à
l’ordre avant de sévir… et d’utiliser s’il le faut une force raisonnée, selon
l’enseignement-même de la doctrine sociale de l’Église.
Et voilà où je voulais en venir :
« C’est la rencontre dramatique entre cette Sainte et ses juges, qui sont des ecclésiastiques. […] Ces juges sont des théologiens auxquels manquent la charité et l’humilité pour voir chez cette jeune l’action de Dieu. Les paroles de Jésus viennent à l’esprit, selon lesquelles les mystères de Dieu sont révélés à qui possède le cœur des tout-petits, alors qu’ils restent cachés aux sages et aux savants qui n’ont pas d’humilité ».
Qu’y a-t-il de plus abject qu’un
mauvais homme se servant de ses pouvoirs ecclésiastiques ? « Ainsi les juges de Jeanne sont radicalement
incapables de la comprendre, de voir la beauté de son âme : ils ne
savaient pas qu’ils condamnaient une Sainte », aveuglés qu’ils étaient
par leur propre orgueil et leurs passions humaines.
« Environ
25 ans plus tard, le procès de nullité […] se conclut par une sentence solennelle qui déclare nulle sa
condamnation (7 juillet 1456) […] et met en lumière son innocence et sa
parfaite fidélité à l’Église. Jeanne d’Arc sera ensuite canonisée par Benoît XV
en 1920 » : c’en sera le centenaire l’an prochain, et j’espère
d’ores et déjà que nous pourrons en faire le thème du pèlerinage, même si elle
répond déjà parfaitement à celui de cette année, puisqu'elle figure en bonne place sur la mosaïque du Sacré-Coeur, à côté de S. Michel et de la France, au choeur de la basilique du Voeu national à Montmartre.

« Que
le témoignage lumineux de Ste Jeanne d’Arc, patronne en second de la France
avec Ste Thérèse de Lisieux, soit un appel à aimer le Christ, poursuivait le
pape, et à vous engager avec foi et détermination au service des autres dans la
charité », dont l’une des plus belles manifestations est dans le
service de la Cité, la politique.

Jeanne n’est pas une pseudo-mystique, une voyante
qui nous dit d’elle-même ce qui serait le mieux pour la France : elle
s’enracine totalement dans l’âme française, et Dieu prouve qu’Il en fait Son
instrument par des miracles. Dans Fides
et Ratio, Jean-Paul II luttait contre le fidéisme ; et le concile
Vatican I stipulait :
« Pour que l’hommage de notre foi soit conforme à la raison, Dieu a voulu que les secours intérieurs du Saint-Esprit soient accompagnés de preuves extérieures de Sa Révélation, à savoir des faits divins et surtout les miracles et les prophéties qui, en montrant de manière impressionnante la toute-puissance de Dieu et Sa science sans borne, sont des signes très certains de la Révélation divine, adaptés à l’intelligence de tous » (Dei Filius).
Ces conditions s’accomplissent en Jeanne, qui entérine
et déploie ainsi les traditions institutionnelles de la France, face à tous les
obstacles qu’elle surmonte audacieusement.
Et le concile suivant de nous dire :
« Les Chrétiens doivent vivre pour Dieu et le Christ selon les usages de leur pays, pour cultiver vraiment et efficacement en bons citoyens l’amour de la patrie […]. La vie chrétienne sera ajustée au génie et au caractère de chaque culture ; les traditions particulières, avec les qualités propres, éclairées par la lumière de l’évangile, de chaque famille des peuples, seront assumées dans l’unité catholique » (Ad gentes).
Rappelons enfin l’adjuration de saint Pie X aux évêques de France, il y a 100 ans, et qui est le cœur de mon allocution aujourd’hui, fondée sur l’exemple de Ste Jeanne d’Arc :
« L’Église, qui n’a jamais trahi le bonheur du peuple par des alliances compromettantes, n’a pas à se dégager du passé, et il suffit de reprendre, avec le concours des vrais ouvriers de la restauration sociale (que vous devez être, chers membres de la Confrérie Royale), les organismes brisés par la Révolution, et de les adapter, dans le même esprit chrétien qui les a inspirés, au nouveau milieu créé par l’évolution matérielle de la société contemporaine : car les vrais amis du peuple ne sont ni révolutionnaires ni novateurs, mais traditionalistes ».
Car Jehanne doit être pour nous, notre Église
comme notre pays, un cas d’école !
Cela s’applique à tous les domaines, tant
institutionnels que familiaux, car ce sont les sophismes et prétextes
sentimentalistes qui conduisent aujourd’hui à reconnaître chef de famille un
autre homme que l’époux de la femme et père des enfants. Tout peut être
justifié, quand on renonce aux principes ; et c’est malheureusement le cas
aujourd’hui dans notre Sainte Église. Le simple fait de demander une
clarification sur les principes passe aujourd’hui pour acte de malotru :
grand Dieu ! Et face à l’audace des méchants, nous avons l’affreux
spectacle de l’autoparalysie des bons, toujours communicative.
Quand saint Pierre tire l’épée du fourreau pour
défendre son Seigneur arrêté à Gethsémani, le Christ le rabroue car Il doit
parfaire Son Sacrifice. Mais la réaction du premier pape est digne de notre âme
française, du « génie catholique et
français » dont parlait saint Pie X à nos évêques, puisqu’à
l’enseignement de la Passion, notre roi Clovis, premier Fils aîné de l’Église,
n’eut pas d’autre réaction, lui qui s’exclama : « Que n’ai-je été là avec mes Francs ! ».
Avouez que nous en sommes bien loin aujourd’hui, avec nos nostalgies et
velléités…

« S’engager personnellement pour la libération
de son peuple » : voilà le programme de Jehanne, voilà le
vôtre, chers Amis ! Le pape Jean-Paul II, qui nous appelait comme S.
Remi à la fidélité aux promesses de notre baptême, en témoigna lui-même dans
son propre pays, et c’en fut fini de la dictature communiste il y a 30 ans,
pour le bicentenaire de la Révolution, sans qu’il y ait eu besoin de coup
férir.
« L’un
des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune fille,
poursuivait Benoît XVI, est précisément
ce lien entre l’expérience mystique et la mission politique ». Par la
fidélité à vos engagements et au triple angélus quotidien, par une vie chrétienne redoublant de ferveur, en prenant
au sérieux votre vocation à la sainteté, réformez-vous et changez ce monde. Car
de par l’enseignement de l’Ange de l’Annonciation, à la Pologne de 1989, en
passant par Ste Jeanne d’Arc, nous savons qu’« à l’homme, c’est impossible ; mais rien n’est impossible à Dieu ».
Ainsi soit-il.

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